Soutenue par le Centre Inria de l’Université de Rennes et l’Institut d’électronique et des technologies du numérique (IETR) bien au-delà de la thèse, Justine Bonnot a concrétisé la création de WedoLow, une start-up d’optimisation du code-source d’applications. Retour sur le parcours d’une idée innovante.
Le concept de l’entreprise fondée par Justine Bonnot, ingénieure en électronique et informatique industrielle de l’INSA Rennes, suscite immédiatement l’adhésion de celui ou celle qui le découvre, et une réflexion : « Il suffisait d’y penser ! » La démarche qui a conduit à la création de WedoLow puise pourtant ses racines dans un travail de long terme de l’IETR et d’Inria / IRISA* de Rennes. La brillante idée, la voici : une solution logicielle d’optimisation de code. Le principe est le suivant : les applications, qu’elles opèrent dans nos voitures, nos box Internet ou à bord d’un satellite, nécessitent parfois des améliorations significatives, notamment pour minimiser leur consommation d’énergie.
Depuis longtemps, Daniel Ménard, professeur à l’INSA Rennes et au laboratoire IETR, et Olivier Sentieys, professeur à l’Université de Rennes et chercheur à Inria/IRISA avaient pressenti qu’il s’agissait d’une « thématique valorisable, avec un vrai besoin du côté des industriels », pour reprendre les mots de Daniel Ménard. C’est l’arrivée d’une doctorante motivée qui a lancé l’aventure. Justine Bonnot raconte : « Lorsque l’idée de la création d’une start-up a émergé, je voulais m’assurer du potentiel. Sur les derniers mois de ma thèse, j’ai consacré du temps à échanger avec des acteurs de l’industrie. »
Après avoir soutenu sa thèse en octobre 2019, Justine Bonnot a poursuivi son apprentissage au sein du programme Inria Startup Studio. « Il s’agissait surtout de passer d’un produit de la recherche à un vrai produit logiciel. Cette année m’a aidée à valider les aspects commerciaux du projet. Nous étions bien encadrés », complète Justine Bonnot. Le coup de pouce décisif est venu de l’IETR, qui a accueilli Justine en post-doc pendant neuf mois pour finaliser la maturité du projet. À cette époque, l’idée de sobriété énergétique n’effleurait pas l’esprit de la plupart des potentiels investisseurs. Justine Bonnot se souvient : « Ils me demandaient quelle était l’économie financière générée par la technologie, une estimation très difficile à fournir ». Les premiers fonds sont arrivés grâce à Bouygues Télécom Flowers, une filiale de Bouygues Telecom, suite à un concours remporté par le projet. Ainsi est née WedoLow en avril 2022.
« Il faut du temps pour penser le produit fini »
Aujourd’hui, la start-up emploie 14 personnes et vient de lancer ses deux produits phares : un logiciel d’analyse et un logiciel d’optimisation des codes sources. Ce dernier permet de réduire la consommation énergétique engendrée par l’exécution du code, diminuer la taille du code et augmenter sa vitesse d’exécution. WedoLow compte des clients dans l’industrie automobile, spatial et robotique, pour des applications embarquées ou hébergées. Justine Bonnot partage quelques succès notables : « Nous avons réduit le temps d’exécution d’un code de box TV de 40 %, la consommation énergétique d’un robot de 60 % et celle d’une application qui fait du traitement d’image satellite de 30 % ». Parfois, le code est déjà presque optimisé et les outils de WedoLow permettent simplement de le confirmer.
Lorsqu’elle se retourne sur ses dernières années, Justine Bonnot n’oublie pas sa trajectoire : « Daniel Ménard et Olivier Sentieys ont été le fil rouge du projet et font
maintenant partie du board de la start-up. J’ai l’impression que si un maillon avait manqué dans cette chaîne, nous n’aurions jamais pu créer la société ». Pour elle, WedoLow est une « grande famille », qui a su attirer d’anciens doctorants de l’INSA Rennes ou de l’Université de Rennes. De nouvelles thèses sont en cours, prolongeant le lien entre les laboratoires et la start-up. Justine Bonnot reconnait que toutes ces années (quatre depuis la fin de sa thèse) ont été nécessaires à la création de la société. « Aujourd’hui, nous ne pitchons pas notre projet de la même manière qu’à l’époque. Il a beaucoup évolué ». Elle conclut : « J’ai réalisé qu’il faut du temps pour penser et concevoir un produit fini ».